Monday, December 11, 2006

Le testament du Liban...


A mes citoyens, mes enfants, et mon histoire…

Après une éternité d’éxistence et de survie quelques peu impétueuse, je regrette de vous annoncer ma mort, mon extinction et la fin du mythe que nous avons rédigé ensemble…

Depuis la nuit des temps, alors que l’espèce humaine n’était toujours pas apparue, les cèdres majestueux innondaient mon sol et semblaient attendre l’arrivée de l’homme, plantés tels des gardes féroces qui veillent sur la terre à laquelle ils sont attachés…

En moi, coulaient des rivières reposantes dont la mélodie vibrait au rythme de la nature… L’homme n’éxistait pas, ce qui veut dire que tout ce qu’il a créé par la suite n’était pas non plus… Les seuls êtres vivants qui frôlaient mon territoire à l’époque, étaients d’innoncentes créatures sans défense, dont l’instinct aussi prédateur soit-il, ne concurrence pas le vôtre !

Puis, cette nouvelle espèce dite humaine, vit le jour, et commença petit à petit à me coloniser, jusqu’à faire de moi, son esclave et son prisonnier.
L’amour de la patrie n’éxistait pas, et dailleurs, ils ne me donnèrent un nom qu’après avoir inventé l’alphabet à Byblos, seule véritable chose dont j’en suis aujourd’hui fier.

Ainsi, je m’appellais « Liban »… Drôle de nom je trouvais, mais avec le temps ; je m’y suis habitué… L’homme essayait tant bien que mal, de vivre en harmonie sur mon sol, cependant, un vice le caractérisait et faisait de lui, le plus violent des animaux, c’est ce qu’on appelle ; « Le Pouvoir ».

Eh oui… Le pouvoir ! Qui de ces terriens n’a jamais rêvé de le posséder entre ses mains ?
Malheureusement, ils sont prêts à tout, pour y arriver, et la preuve ; Je rédige actuellement mon testament !

Mon histoire a été marquée par d’insupportables conflits qui m’ont meurtri et hantés pendant des siècles et des siècles.
Chaque puissance, chaque nation, chaque individu voulait me conquérir, et m’avoir à lui seul, tel un chien tenu en liesse et qui n’arrive pas à s’évader…

A travers le temps, j’ai été à plusieurs reprises violé, poignardé et brûlé, mais à chaque fois, j’en suis sortie handicapé, et les jours qui s’écoulaient me permettaient de me relever et de porter haut, cet amour de la vie et de l’espoir…

Par le passé, nous chantions ensemble notre hymne, mais à présent, ce sont les cris d’effroi des enfants et des femmes qui nourrissent cette symphonie ; cet hymne de la mort !

Pourquoi m’avoir infligé ce destin ? Pourquoi le désir du pouvoir était-il plus intense que celui du patriotisme ? Hélas, de 1975 à nos jours, j’étais prisonnier de cette « expérience de mort imminente », et à présent, c’est votre système en place qui a signé l’acte de mon euthanasie…

Pauvre de moi ! Malgré tout l’amour que je vous ai porté, c’est par la destruction que vous me remerciez ! Désormais, je refuse de représenter ce magnifique drapeau rouge et blanc avec au centre, un féérique cèdre du Liban… A partir de maintenant, ce cèdre, devra être remplacé par une corde de pendaison, ce ligament que vous m’avez mis autour du cou depuis une éternité, tout simplement pour avoir un jour éxisté !

D’habitude dans un testament, le futur défunt rédige les lègues qu’il laissera à ses prochains, ou ce que nous appellons « l’usufruit ». Etant donné que j’en suis obligé, voici l’héritage que je laisse à chaque libanais toujours en vie :

- Des immeubles éventrés puant l’odeur de la mort
- Des cèdres arrachés que l’on a remplacé par des mines anti-personnelles
- Un océan pollué dans lequel toute trace de vie a disparu
- Des collines déformées, et transformées en cimetières à ciel ouvert
- Des fleuves de sang sur lesquels circulent des messages de vengeance meurtrière
- Des « musés du rire » édiffiés en raison de sa disparition de notre vie courante…


Inutile d’aller plus loin, car j’imagine que vous refuserez sans y penser cet hértiage que vous vous laissez à vous-mêmes, étant donné, que tout cela est de votre faute…Ce sont les conséquences de votre course au pouvoir… Le fruit de vos actes !

Comme ils me manquent ces jours où la seule arme à éxister fut la parole, le seul feu notre soleil, et le plus odieux des crimes, une simple injure sans conséquences…

Par le passé, tel le phénix je me relevais à l’issue de chaque épreuve, mais à présent, ce phénix n’est plus, le tourbillon de l’horreur l’a aspiré au plus profond des ténèbres, et seul un imprévu miracle pourrait l’aider à renaître une énième fois…


Mroué Houssam